Pour une alliance nationale contre l’austérité!

En écho aux positions anti-austérité adoptées lors des assemblées générales de l’AFESH, de l’AFESPED et de l’AFELC en septembre 2014, des militant-e-s ont mis sur pied des comités visant à lancer une campagne contre l’austérité et les attaques sur les droits syndicaux. Cette campagne fait la promotion d’un « Front social » devant culminer par une grève illimitée au printemps 2015.

Cette période de l’année sera ponctuée par le dépôt d’un budget d’austérité (qui risque de déchaîner les mouvements sociaux) ainsi que par le début des négociations entre le gouvernement du Québec et le Front commun intersyndical des employé-e-s du secteur public et parapublic (près de 400 000 salarié-e-s). Cette situation offrira un potentiel de combat virtuellement plus grand que celui qu’a connu le Québec en 2012. Joignons les forces des étudiant-e-s à celles des syndiqué-e-s en lutte afin de mettre sur pied une alliance nationale d’opposition à toutes les hausses et à toutes les coupures!

Tous et toutes dans le même bateau
L’austérité, c’est la stratégie maladive qu’utilisent les élites politiques et économiques pour nous faire payer les largesses octroyées aux banques et aux grosses compagnies durant les dernières décennies (abolition de la taxe sur le capital, exemption d’impôt, corruption…), en particulier depuis la crise de 2008. En terme étudiant, cela se traduit par des symptômes comme la hausse de la facture étudiante ou les coupures en éducation (diminution de service, augmentation du nombre d’étudiant-e-s par classe, diminution du nombre de professeur-e-s…).

Comme les péquistes avant eux, les libéraux de Philippe Couillard s’attaquent sans vergogne à nos conditions de vie en général (hausse des frais de garderie, coupures dans les régimes de retraite, coupures dans les commissions scolaires…) Que l’on soit aux études, sur le marché du travail, au chômage ou à la retraite, nous sommes tous et toutes dans le même bateau.

Ce bateau, c’est celui de nos intérêts en tant que classes sociales regroupant la majorité de la population. Les élites du 1% tentent de nous faire quitter ce bateau en nous divisant quant à notre religion, notre genre, notre nationalité, notre occupation dans la vie, notre âge, notre couverture syndicale… Face aux attaques du gouvernement et du patronat, notre riposte doit être unitaire. Sinon, nous risquons de perdre chacun dans notre coin.

L’intérêt de la majorité de la population, c’est le maintien et l’amélioration de ses conditions de vie et de travail. C’est pour cette raison qu’il est vital de s’opposer à TOUTES les hausses et à TOUTES les coupures. Inévitablement, les différents combats ne pourront pas tous être remportés. Toutefois, la construction d’une riposte puissante et efficace à l’austérité dépend des liens de solidarité que les différentes franges de la population seront capables de tisser.

Pour un mouvement anti-austérité syndical et social
Cela passe nécessairement par la mise sur pied d’une alliance nationale anti-austérité organisée par la base du mouvement syndical. Une alliance qui devra rassembler en son sein les différentes initiatives déjà en cours dans les mouvements sociaux. L’expérience des dernières années, en particulier celle de la Coalition opposée à la tarification et la privatisation des services publics, montre que le processus inverse (des mouvements sociaux aux syndicats) donne des résultats très mitigés.

D’une part, parce que les directions des centrales syndicales se détachent facilement de telles initiatives lorsqu’il s’agit de conclure des ententes pourries avec le gouvernement. D’autre part, parce que les syndicats sont les seules organisations où les travailleurs et les travailleuses sont organisé-e-s en masse.
Manif loi 3_Radio-CanadaArrimons les luttes étudiantes à celles du monde du travail!
À l’heure actuelle, les employé-e-s municipaux en lutte contre les attaques sur leur régime de pension constituent le fer de lance du mouvement anti-austérité québécois. La moindre des choses à faire pour jeter les bases d’un « Front social » consiste à appuyer leur lutte. Or, être solidaire ne veut pas dire être complaisant. Plusieurs personnes entretiennent, avec raison, une animosité envers une partie de ces employé-e-s municipaux, ceux et celles de la police.

Néanmoins, on ne peut pas se permettre l’incohérence d’une désolidarisation du mouvement parce que des policier-ère-s en font partie. Il est toutefois possible de lui donner un appui critique. Un appui qui souligne la nécessité d’une réciprocité de cette solidarité. Sans être une condition imposée, demandons un appui des employé-e-s municipaux pour l’abrogation du règlement P-6, pour le démantèlement des unités spéciales de répression politique (ex. GAMMA), pour l’expulsion des éléments intolérants de la police (ex. l’agente 728), pour la diminution des tarifs de transport en commun ou encore pour que la STM refuse de fournir des autobus à la police lors d’arrestations de masse.

Le mouvement étudiant est en mesure d’expliquer en quoi la lutte des employé-e-s municipaux s’insère dans la logique de l’austérité. Nous devons dénoncer ses effets partout, chez tout le monde. Si la lutte contre la réforme des régimes de retraite ne s’oriente pas dans cette voie, mais demeure cantonnée aux demandes actuelles d’une « libre négociation » ni ce combat ni l’appui de la population ne pourront être remportés. Le mouvement étudiant a le devoir de déployer une analyse globale de cet enjeu, notamment en défendant une bonification importante des régimes de retraite publics (RRQ et RPC).

En outre, si cette lutte ne reçoit pas un appui indéfectible du reste du monde syndical et des mouvements sociaux, la situation risque de s’inverser l’année prochaine. Face à un secteur municipal qui aura été isolé du reste du mouvement syndical par le gouvernement, le Front commun risque de ne pas pouvoir bénéficier de son appui lors de ses propres moyens de pression dès le printemps prochain.

Pousser des revendications étudiantes
Tout en appuyant les syndiqué-e-s en lutte, le mouvement étudiant doit continuer de défendre ses propres intérêts et revendications. Le refus de toutes hausses des frais de scolarité doit bien sûr être mis de l’avant. Or, il y a fort à parier que de nouvelles personnes pourront se mobiliser si le mouvement étudiant (re)met sur pied des campagnes portant sur la gratuité scolaire, l’augmentation du salaire minimum, la syndicalisation des précaires ou encore la rémunération des stages étudiants.

Passer de la défensive à l’offensive
S’il existe un moyen de faire à nouveau des gains, c’est bien en renouant avec la lutte. Il ne s’agit pas seulement de sauver les meubles, mais de se battre pour des changements radicaux qui pointent vers un projet de société alternatif, une société socialiste. Le mouvement syndical et étudiant n’arrivent pas encore à trouver les formes de combat, d’unité d’action ainsi que les perspectives claires leurs permettant de passer d’une attitude défensive à une offensive. Le combat du secteur public et parapublic de 2015 peut et doit être le moment décisif de la prochaine période. Si chacun-e se bat dans son secteur, personne n’arrivera à gagner contre le gouvernement du patronat.

Pour avoir le plus d’impact possible, concentrons la force des travailleur-euse-s (syndiqués-es ou non), du mouvement étudiant, des mouvements sociaux ainsi que celle des organisations politiques qui défendent les intérêts du 99%. Portons à terme ce qui a été entamé au printemps 2012, l’union dans la lutte du monde du travail et des mouvements sociaux sur la base de revendications claires et concrètes!

Pour la mise sur pied d’une alliance nationale contre l’austérité!
Pour une manifestation nationale contre toutes les hausses et toutes les coupures!
Grève, blocage, occupation : vers une journée nationale de perturbation!

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