Génération «Lutte» : «Environ 41% de la population mondiale a moins de 24 ans. Et ils sont en colère.»

Voilà un titre qui claque! Ce n’est pas le nôtre, il vient du journal britannique The Gardian qui commentait les soulèvements de masse et prévenait : d’autres révoltes arrivent.

Tou·tes ces jeunes ont grandi dans les années d’austérité qui ont suivi la crise de 2007-08. Et puisqu’ils/elles n’ont pas vécu les défaites sociales précédentes, ils/elles sont souvent plus prompt·es à oser relever la tête. Aux quatre coins du globe, les jeunes stimulent le mouvement, et parmi eux/elles tout particulièrement les jeunes femmes : Hong Kong, Chili, Équateur, Liban, Irak,… En Iran aussi, ils/elles sont à l’avant-plan des protestations ; le régime a même coupé Internet pour tenter d’empêcher l’organisation des manifestations.

Dans le passé aussi, la jeunesse a pu jouer un rôle moteur des mobilisations sociales, en entraînant aussi souvent à leur suite les bataillons lourds du mouvement des travailleurs et travailleuses comme ce fut le cas en France en Mai ’68. Mais le poids actuel de la jeunesse est inédit : il n’a jamais été aussi lourd.

Lorsque l’on pense aujourd’hui à la révolte de la jeunesse, on pense tout d’abord à l’impressionnant mouvement de grèves scolaires pour le climat, le plus grand mouvement international de la jeunesse depuis celui contre la guerre en Irak en 2003. Mais lorsque ce n’est pas l’angoisse climatique, c’est le coût de la vie qui met le feu aux poudres : la hausse des prix du carburant en Iran et en Irak, celle du ticket de métro au Chili, les taxes supplémentaires et notamment sur l’application WhatsApp au Liban,… Il y a deux ans, The Guardian publiait une étude se concluant ainsi : «C’est probablement la première fois dans l’ère industrielle, à l’exception des périodes de guerre ou de désastres naturels, que le revenu des jeunes adultes est tombé aussi bas en comparaison de celui du reste de la société.»

A cela s’ajoute encore l’oppression des femmes et les violences de genre ou encore les politiques d’entrave à la démocratie, comme c’est particulièrement le cas à Hong Kong. La lutte héroïque des Hongkongais·es contre la dictature la plus puissante au monde est une inspiration pour toutes les luttes.

Lors de la vague de protestations mondiales de 2011 (en Tunisie, en Égypte et ailleurs dans la région, avec le mouvement Occupy ou celui des Indignés,…) il était surtout question de la démocratie réelle et d’une politique davantage en faveur des 99% de la population (contre le 1%) ou du peuple (contre les élites), avec pour principale méthode l’occupation de places publiques. Aujourd’hui, un sentiment anticapitaliste global est plus présent, avec une meilleure conscience que ce système repose sur deux classes sociales aux intérêts opposés. Les méthodes de lutte traditionnelles du mouvement ouvrier y sont également davantage utilisées particulièrement le recours à l’arme de la grève.

Comme à cette époque, par contre, on trouve toujours ce sentiment anti-parti et même anti-organisation. Au vu de la longue série de trahisons des partis prétendument progressistes et radicaux ou encore des bureaucraties syndicales durant des années et des années, c’est assez logique. Et puis, finalement, avec internet, pourquoi s’organiser ailleurs?

Une structuration des mouvements de masse est pourtant des plus utiles. Dans les écoles, sur les lieux de travail et dans les quartiers : des comités locaux où l’on discute et décide collectivement de ce qu’il faut faire et de représentant·es, qui à leur tour discutent et décident à une plus grande échelle. C’est la seule manière d’assurer un mouvement le plus démocratique possible, qui éviterait notamment la monopolisation du rôle de direction et/ou de porte-parole à l’un ou l’autre individu ayant une jugé suffisamment docile par les médias pro-establishment. Le sentiment de colère a beau être présent, la recherche d’une alternative a beau être vivace, les mouvements qui ne se structurent pas seront hélas toujours confrontés à un obstacle ne leur permettant pas de faire un pas décisif vers une réelle et totale victoire.

La lutte pour une réelle alternative sociétale

Les travailleurs et travailleuses ont besoin de la jeunesse pour réveiller leur espoir et combativité qui s’étaient parfois endormis. Et de la même manière, les jeunes ont besoin que les travailleurs et travailleuses s’engagent pleinement dans la lutte pour bloquer l’économie et frapper les capitalistes là où cela lui fait le plus mal. De par sa place dans le processus de production économique, et ses méthodes collectives de lutte, les travailleurs et travailleuses jouent un rôle crucial pour un changement de société.

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