Au Québec, l’année 1972 aurait pu être « révolutionnaire ». Mais elle aura plutôt été frappée du sceau de la répression, si bien que, pour Olivier Ducharme, le phénomène de la dépossession politique est au cœur de cette année mouvementée. L’auteur d’À bout de patience montre jusqu’où l’État et ses institutions, en imposant des limites à la liberté d’informer, de manifester, de créer et de penser à coups de lois spéciales, de mesures répressives et de censure, sont prêts à aller pour mater toute contestation et décrédibiliser toute pensée critique et dissidente.
De cette année ponctuée par d’importants bouleversements politiques, culturels et sociaux, notre mémoire collective n’a généralement retenu que les épisodes les plus spectaculaires, comme l’importante grève du Front commun de la fonction publique et l’emprisonnement de ses chefs syndicaux (Marcel Pepin, Louis Laberge et Yvon Charbonneau). Mais on assiste aussi à la montée des mouvements féministes, autochtones et environnementaux, et plusieurs autres événements témoignent d’un Québec en pleine ébullition : les femmes bravant l’interdiction d’entrer dans les tavernes, les grèves sauvages de mai, les occupations, les « cégeps parallèles », la censure à l’ONF, la résistance des Premières Nations… C’est également l’époque des hauts faits d’armes du syndicalisme de combat : en 1972, les trois grandes centrales syndicales (CSN, FTQ et CEQ) ne craignent plus d’afficher leur orientation socialiste et partagent une même posture anticapitaliste.
Puisant dans les archives de presse et s’appuyant sur une riche iconographie, Olivier Ducharme nous plonge dans les événements qui ont marqué 1972 en dressant, de sa plume vivante, un portrait inédit d’une année de bouillonnement politique, social et culturel. Il nous rappelle également que le projet de faire advenir une société québécoise anticapitaliste demeure d’une criante actualité.
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