« Ce qu’il faut comprendre », insista un jour Martin Luther King, « c’est qu’une émeute est le langage des sans-voix ». Le recours à l’émeute, suggérait-il, est rarement un signe d’irrationalité ou d’un comportement de foule. Il est plus souvent le fait de gens marginalisés qui cherchent à faire entendre leur voix. Et si, en certaines occasions, ces excès de « violence » n’étaient pas condamnables, mais au contraire légitimes, voire admirables, puisqu’elles rendraient les revendications de ceux et celles qui sont opprimé.e.s impossibles à ignorer ?
C’est la question qui traverse cet essai éclairant de Stephen D’Arcy. La dernière décennie a été marquée par de nombreux mouvements de contestation à travers le monde, du mouvement Occupy au Printemps arabe, en passant par les grandes manifestations du Printemps québécois. Ces « éruptions » de résistance illustrent parfaitement l’apport essentiel du militantisme pour la démocratie, car elles ont permis à une nouvelle génération privée de perspectives d’avenir de se faire entendre. Sur la base d’un « modèle démocratique » qu’il a établi pour déterminer la légitimité d’une pratique militante, D’Arcy démontre, à travers moult exemples, qu’il vaut mieux orienter les discussions sur les tactiques et stratégies militantes en fonction de leur nature démocratique plutôt que condamner la violence de façon aveugle et systématique.
À la fois analyse des aspects éthiques et politiques de l’action militante et examen de l’histoire de la résistance citoyenne, Le langage des sans-voix soutient avec force l’idée que la pratique militante ne constitue pas un danger pour la démocratie. Bien au contraire, le militantisme apparaît clairement comme un remède légitime à l’intransigeance des élites et comme un contrepoids aux systèmes de pouvoir qui ignorent les revendications populaires et musellent toute voix dissidente.
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