Jean-François Larivière, étudiant au Cégep de Rosemont
L’incapacité des militant-es étudiant-es à rejoindre la base peu ou pas politisée fait partie des défis de mobilisation de tout mouvement étudiant. Le mouvement de grève du printemps 2015 dans les Cégeps en est la meilleure démonstration. Peu d’associations étudiantes collégiales sont entrées en grève générale illimitée ou reconductible, contrairement à la tradition où la mobilisation débute dans les Cégeps pour ensuite s’étendre dans les universités.
Ce problème de taille s’explique principalement par le fait que le mouvement a été organisé par quelques militant-es au sein de cercles et d’assemblées fermés, plutôt que sur le terrain. Un mouvement se construit suite à d’importants efforts de sensibilisation, d’information et de mobilisation. Ce n’est pas par un groupe Facebook fermé ni par un plan d’action radical qu’on peut espérer construire un mouvement de masse.
Développer la conscience politique
Pourtant, les étudiant-es des Cégeps sont sensibles aux coupures sauvages saccageant nos acquis et nos services publics. On ne peut tout de même pas espérer qu’ils en viennent à choisir la grève après seulement quelques semaines de mobilisation. On ne peut pas s’attendre à ce que la majorité des étudiant-es possèdent la même conscience politique que les comités militants. On ne peut prétendre construire un mouvement de grève sans les consulter et sans s’assurer que la population étudiante en comprenne la nécessité. Le fait d’ignorer et même renier les associations étudiantes locales et nationales découle d’un sectarisme inutile et nuisible à la cause. Pour construire un mouvement large, inclusif et légitime, il faut investir les associations étudiantes et les instances démocratiques, et non leur cracher dessus.
Les étudiant-es des Cégeps ont toutefois organisé des manifestations locales et participé-es aux manifestations régionales et nationales, notamment celle du 1er mai. Ils et elles ont pu appuyer et participer au mouvement selon leurs moyens et leur compréhension politique. On ne peut pas parler d’une partie de la population étudiante démobilisée et immobile. Il faut prendre en compte la réalité de leur conscience politique, qui évolue et change par le travail de terrain.
Identifier les effets concrets
On ne peut espérer convaincre une large base de la population, étudiante ou non, en prônant de se battre contre une idéologie qui flotte dans le monde des idées. Il faut plutôt leur montrer les conséquences concrètes et réelles des mesures d’austérité et du néolibéralisme : les coupes dans les services aux étudiant-es, dans les services psychosociaux et d’animation, les suspensions politiques, etc. Il est nécessaire de d’abord exposer comment l’austérité les affecte en tant qu’étudiant-es avant d’expliquer comment elle affecte la société en général.
Bref, un mouvement se construit en allant sensibiliser et convaincre les gens, non pas en s’organisant entre militant-es sur un groupe Facebook.