Perspectives marxistes révolutionnaires (trotskystes) sur le mouvement étudiant

Nous publions ici un extrait du manifeste du Groupe Marxiste Révolutionnaire, section sympathisante de la Quatrième Internationale au Québec. Écrit en 1976 ce manifeste n’a pas perdu ni son actualité ni sa profondeur dans sa dénonciation du capitalisme québécois. Nous publions ici la partie du manifeste consacrée au mouvement étudiant qui définit la position des marxistes révolutionnaires de l’époque.

 

L’ÉCOLE CAPITALISTE EN CRISE

L’école, comme institution capitaliste, a un rôle à jouer dans la reproduction des rapports sociaux bourgeois. Plus précisément, elle contribue à la reproduction des classes sociales en formant cadres et travailleurs de façon différente, en nous inculquant de force l’idéologie dominante. Mais les besoins en main-d’œuvre de la bourgeoisie sont en perpétuel changement, ce qui amène des bouleversements continuels dans l’appareil scolaire, et engendre une triple voie : celle du système de formation celle des valeurs bourgeoises et celle de l’idéologie enseignante.

Au début des années ’60 il paraissait essentiel de réaxer le système de formation. L’industrialisation accélérée de la période duplessiste rendait caduque l’école des ‘’élites’’, celle des collèges classiques. Les nouvelles industries avaient besoin de cadres administratifs et techniques qualifiés. C’est par cela qu’on est entré de plein pied dans la grosse baloune de la Révolution tranquille… une baloune qui n’allait pas tarder à péter.

Car l’économie québécois n’est pas une économie capitaliste avancée ‘’classique’’. L’État québécois dépendant peut contrôler le système scolaire, mais pas la structure du marché du travail déterminée principalement à s’appliquer à la veille d’une récession économique. Conséquence : des réajustements perpétuels qui en signifient la négation, de nouveau régime pédagogique au rapport Nadeau. Dans de telle périodes l’heure n’est plus à la ‘’démocratisation’’, mais à la rentabilisation et à la centralisation.

Cette instabilité du système de formation engendre en partie une crise des valeurs bourgeoises. C’est l’incapacité de la bourgeoisie québécoise à produire une idéologie cohérente et crédible et également la brutalité de l faillite de la révolution tranquille (la fin du mythe ‘’s’instruire, c’est s’enrichir’’), qui seront à l’origine du mouvement d’occupation des CÉGEPS d’octobre 68 et de toute la vague de remise en question qui L’a suivi.

Et les profs dans tout cela ? Coincés entre leur situation de syndiqués en lutte contre l’État et leur rôle d’agents subalternes de ce même État, ils sont perpétuellement écartelés, et ressentent fortement toute la crise de l’École capitaliste. C’est cette crise du système scolaire qui est objectivement à la base des mobilisations étudiantes qu’on a connues ces dernières années.

 

MILIEU ET MOUVEMENT ÉTUDIANT

Depuis des années la même question ressurgit : les étudiants ont-ils des intérêts communs ? C’est la question à la source de toutes les polémiques qui traversent le milieu et le mouvement. La seule caractéristique d’ensemble du milieu étudiant c’est son extériorité par rapport à la production. Mais, à cause de l’origine et de la destination de classe différentes des étudiants, le milieu est dépourvu de toute cohésion politique, même s’il a un minimum de cohésion sociale. Et ceci est encore renforcé par une série de caractéristiques propres au milieu étudiant :

  • Le milieu étudiant connaît une rotation fort rapide. Deux années suffisent dans un Cégep pour que tout le personnel étudiant soit remplacé. Le cycle rapide du milieu se reflète également chez les militants en occasionnant une transmission difficile des acquis des luttes passées.
  • L’atomisation accentuée du milieu, la division et la compétition provoquées par la sélection, le cloisonnement conscient entretenu par la division général-professionnel rendent la communication et surtout la ‘’solidarité’, entre les étudiants plus difficile que dans le mouvement ouvrier
  • Enfin le type d’apprentissage s’établit sur la base d’une dichotomie entre la théorie et la pratique

Il n’y a pas d’intérêts homogènes des étudiants à défendre. Si intérêt commun il y a, ce n’est qu’un objectif d’ascension sociale, objectif d’un meilleur diplôme, et cet objectif, c’est l’institution de la bourgeoisie qui permet de le réaliser. Depuis le primaire on nous apprend qu’un diplôme est la clé de la réussite sociale. La clé de la politisation étudiante se trouve souvent hors de l’école, dans le contexte politique national et international. Elle ne suit pas une démarche linéaire d’une prose de conscience partant des intérêts économiques des étudiants aux intérêts historiques du prolétariat. Elle a plutôt la forme d’une rupture face à la réalité de la société et de sa classe dominante et doncaux valeurs que cette classe dominante a inculquées à ses ‘’enfants’’.

Enfin non seulement la politisation du milieu se situe souvent hors du mouvement étudiant mais le rapport fondamental du mouvement ouvrier au mouvement étudiant est peut-être un rapport de jonction dans la lutte contre l’État bourgeois. Les principaux protagonistes de la lutte de classes (bourgeoisie et prolétariat) sont les pôles de sa politisation.

La lutte des classes peut ainsi trouver dans le creuset des contradictions que représente le mouvement étudiant, un terrain favorable pour l’émergence d’un mouvement étudiant politique qui renforce le développement de la lutte historique du prolétariat. C’est ainsi que nous distinguons mouvement étudiant et milieu étudiant : le mouvement étudiant est la fraction mobilisée du milieu qui se situe sur le terrain politique au niveau de sa conscience. Et le rôle que le mouvement peut jouer ne doit pas être apprécié du haut d’un jugement dogmatique sur les origines sociales, mais sur son impact politique sur le rapport de force entre la bourgeoisie et le prolétariat.

‘’La division en classe est certes l’assise la plus profonde du groupement politique ; certes, c’est toujours elle qui en fin de compte détermine le groupement. Mais en cette fin de compte, c’est la lutte politique qui l’établit’’
(Lénine)

 

TRAJECTOIRE DU MOUVEMENT ÉTUDIANT QUÉBECOIS

En octobre 68, le mouvement étudiant québécois apparaît brutalement sur la scène politique. Pour les mêmes raisons qui ont poussé les étudiants allemands, français, japonais, etc. à se mobiliser. Mais également parce que la grosse baloune de la révolution tranquille a crevé, il est devenu évident que s’instruire ce n’est plus nécessairement s’enrichir Son histoire lui est extérieure. Il est incapable de résoudre la crise de l’école capitaliste qui trouve son origine dans la division de la société en classe. Et surtout, le mouvement étudiant est impuissant à contrôler ses rythmes de mobilisation ; qui sont en dernière instance tributaires du rapport de force entre les classes fondamentales de la société, la bourgeoisie et le prolétariat

 

1) L’UNION GÉNÉRALE DES ÉTUIANTS DU QUÉBEC (UGEQ)

La naissance du syndicalisme étudiant est largement imbriquée dans le cours de la révolution tranquille et surtout de la réforme Parent. Les Associations étudiantes passent des services au syndicalisme étudiant. Cette trajectoire correspondait à une volonté libérale de faire jouer au système d’éducation un rôle important de la formation des cadres et idéologues de la ‘’société industrielle’’ qu’était devenue le Québec. Le corporatisme étudiant trouvait dans le projet politique bourgeois du Parti libéral de Lesage un objectif attrayant. Mais très vite est apparue la volonté très claire du PLQ de ne pas appliquer les recommandations que soutenait le milieu étudiant organisé, relatives à la gratuité scolaire par exemple.

Cela a amené certains secteurs plus militants de l’UGEQ à aller chercher des appuis ailleurs sous la bannière de l’intersyndicalisme, l’UGEQ appuie certaines luttes ouvrières dures. À la même époque la ‘’gauche syndicale’’ réussit à organiser une tournée de membres du Front National de Libération du Vietnam qui se termine par la plus grande manifestation de solidarité avec la révolution indochinoise que le Québec ait connue. Mais ceci recèle les germes de la polarisation entre les ‘’politiques’’ et les ‘’syndicalistes’’ qui amènera l’éclatement de l’UGEQ, en mars 69, polarisation qui sera accentuée par les mobilisations de l’automne 68.

En octobre 68, alors que le mouvement étudiant n’avait encore vécu aucune lutte d’envergure, l’occupation du Cégep Lionel Groulx a réussi à enclencher un mouvement d’occupation à l’échelle nationale. Produit d’une fourmilière de contradictions, il révèle l’inadéquation criante entre le système scolaire et la structure de l’emploi, ce qui subjectivement met en cause la nature de l’insertion du Québec dans le système capitaliste mondial.

Cette radicalisation porte le mouvement étudiant sur la scène politique. Il apparaît comme le porteur d’une idéologie indépendantiste et socialiste confuse. Les événements de 68 font sortir le mouvement étudiant de l’institution scolaire. McGill français et le 24 juin 1969 préparent la lutte contre le Bill 63. Ces diverses manifestations ont joué un rôle direct dans la constitution d’un mouvement nationaliste et extra-parlementaire de masse au Québec. Les plus gros détachements de ces mouvements étaient fournis par le mouvement étudiant. Même si une frange de la classe ouvrière québécoise commençait à devenir sensible à la question nationale, l’absence d’une mobilisation massive de la classe détermine l’échec du mouvement contre le Bill 63 qui annonce la disparition du mouvement étudiant québécois de la scène politique étant donné la faiblesse organisationnelle de la gauche révolutionnaire à l’époque, et son incapacité à fournir des perspectives stratégiques au mouvement. L’absence de jonction du mouvement étudiant avec le mouvement ouvrier a engendré l’impasse que vit encore aujourd’hui le mouvement étudiant. Un acquis central de ces luttes demeure : l’apprentissage massif des formes de lutte militantes et souvent violentes

 

2) L’APPARITION DU MOUVEMENT OUVRIER

L’élément déterminant depuis est sans contredit l’irruption du mouvement ouvrier comme force politique. La grève de la Presse en 71, celle du Front commun de 72 ont réussi à attirer l’attention et les énergies des éléments les plus conscient du mouvement étudiant.

À partir de l’automne 71, les militants étudiants commencent à se définir par rapport au mouvement ouvrier et non plus par rapport à eux-mêmes. C’est l’apparition des Comités d’action politique (CAP) et des noyaux révolutionnaires.

Mais ce phénomène est extrêmement contradictoire. Quand le mouvement ouvrier joue un rôle de direction réel dans la lutte de tous les opprimés contre l’État bourgeois et le patronat, il entraîne dans son sillage les meilleurs militants étudiants. Mais il stimule contre tous les aspects de l’organisation bourgeoise de la vie sociale. C’est cela qui a permis la naissance du syndicalisme étudiant et dans centralisation dans l’ANEQ. Car tant une le mouvement ouvrier ne prendra pas en charge sa lutte contre tous les aspects de la barbarie capitaliste, il y aura une base objective à l’émergence d’un mouvement étudiant autonome pour riposter aux attaques bourgeoises bien réelles dans le secteur de l’éducation de même qu’une tendance au repli sur soi, c’est-à-dire au corporatisme.

 

LES IDÉOLOGIES DU MOUVEMENT ÉTUDIANT

Avant d’expliquer nos conceptions sur les rapports entre mouvement étudiant et organisation révolutionnaire, nous analysons divers types d’idéologie du mouvement étudiant qui correspondent à divers moments de son histoire. Il faut comprendre que ces phénomènes ont rarement existé à l’état pur, mais se sont chevauchés dans le temps chez les militants.

 

1) L’anti-autoritarisme

Une des premières manifestations idéologiques du mouvement étudiant dès le début de son apparition peut se caractériser par son ‘’anti-autoritarisme’’. Cette vision de lui-même, le mouvement étudiant ne le garde pas longtemps. La révolte spontanée de couches sociales s’estompe vite et pose rapidement le problème de l’organisation révolutionnaire et de la jonction avec les autres couches sociales. Cette idéologie était particulièrement forte dans le mouvement étudiant des années 60 qui vivait une rupture avec la société québécoise catholique de Duplessis et l’essor d’un mouvement national de contestation de la jeunesse sur les illusions bourgeoises du devenir social.

 

2) De l’ouvriérisme populiste au sectarisme

Angoissés par leur propre incapacité théorique (nature hétérogène et petite-bourgeoise des étudiants) et historique (la classe ouvrière est la classe révolutionnaire), certains étudiants recherchent dans les couches les plus exploitées de la société, une sécurité théorique dans une pratique de ‘’se mettre au service du peuple’’. Ainsi diverses formes d’ouvriérisme apparaissent. De bénévolat apostolique des groupes chrétiens chez les pauvres, au soutien apostolique des ouvriers opprimés, une même toile de fond demeure, une vision idéaliste et mécanique des conflits sociaux.

C’est ainsi que de nombreux étudiants quittent le terrain scolaire pour s’implanter individuellement ou par petits groupes dans des usines. Tout ceci sans compréhension de la stratégie révolutionnaire.

Malgré une rupture empirique avec l’ouvriérisme primitif, certaines organisations staliniennes gardent cette vision abstraite de la nature et du rôle du mouvement étudiant. Pour elle, le milieu étudiant étant petit-bourgeois, il ne saurait donc exister de mouvement étudiant politique.

Cette attitude sectaire vis-à-vis du potentiel politique des militants étudiants relève de la même vision du mouvement étudiant que l’ouvriérisme ; le rejet dans les faits, de la possibilité du mouvement étudiant de jouer un rôle politique dans ses luttes. Enfin cette attitude est ultra-gauche car elle laisse le milieu désorganisé dans les faits et incapable de s’exprimer politiquement.

Lénine concevait différemment l’attitude que devraient avoir les révolutionnaires face au mouvement revendicatif des étudiants russes en 1908. Il considérait erronée l’attitude :

‘’qui consiste à refuser de prendre en considération la situation et les conditions réelles d’un mouvement de masse précis à cause d’un mot d’ordre mal compris et figé ; elle débouche inévitablement dans la phraséologie révolutionnaire (…). Il ne suffit pas de proclamer qu’une action politique coordonnée est nécessaire et de répéter le ‘’dernier mot’’ des leçons de la révolution. Il faut savoir faire de la propagande en faveur de l’action politique et utiliser pour cela toutes les possibilités, toutes les conditions et en premier lieu, plus que tout, tous les conflits de masse’’

Lénine, ‘’Textes sur la jeunesse’’ Éditions du Progrès 1970, p.33

 

3) Du syndicalisme corporatiste à l’opportunisme

Suite à l’éclatement du mouvement étudiant vers la fin des années 60 et à sa récupération partielle mais significative par le PQ, le syndicalisme étudiant tendait à renaitre face à l’espace qui laissait ponctuellement le mouvement ouvrier sur la scène politique qui ne jouait plus un rôle de pôle dans les luttes. Ce syndicalisme se base sur une détérioration réelle de la condition étudiante due à toute la politique de rationalisation de l’État.

L’idéologie syndicaliste-corporatiste se fonde sur un postulat d’intérêts communs des étudiants. Considérant la situation sociale de l’école comme déterminante, cette idéologie évacue d’une part le caractère transitoire de la situation du milieu étudiant et d’autre-part, sans nature idéologique qui le pose comme une couche petite-bourgeoise hétérogène. La logique de cette idéologie conduit à promouvoir des ‘’intérêts étudiants’’ qui ne peuvent être qu’une volonté d’ascension sociale.

S’il est vrai que le milieu étudiant peut souvent commencer à se mobiliser sur une revendication étudiante (la crise matérielle du système de formation étant réelle) le mouvement étudiant doit tôt ou tard se poser la question de ses rapports avec les classes fondamentales : bourgeoisie et prolétariat

Toutes les luttes étudiantes, partant de problèmes spécifiques au milieu (pédagogie, qualité de l’enseignement bourses, cafétérias) se heurtent rapidement à la nécessité de chercher des solutions sociales est fondamentale dans la compréhension de la politisation du mouvement étudiant.

L’idéologie syndicaliste affirme enfin la nécessité de passer par des étapes pour politiser le milieu. Il va sans dire que cette vision ne reprend mécaniquement le processus de politisation de la classe ouvrière. Cette dernière, partant de ses intérêts économiques, doit se hisser jusqu’à la conscience de ses intérêts historiques. Par contre le mouvement étudiant, pour résoudre ses propres contradictions, doit rompre avec son propre milieu pour se placer du point de vue du prolétariat. D’où son potentiel de politisation accrue et son instabilité.

Une organisation révolutionnaire qui sécrète une démagogie syndicaliste, pratique une politique opportuniste. Liquidant l’analyse marxiste de la nature sociale et politique de la petite-bourgeoise, elle entretient des illusions sur le milieu étudiant qui ne peuvent que renforcir les réformistes péquistes. Dans la même réponse aux étudiants russes de 1908, Lénine souligne justement cette autre déviation possible :

‘’Il n’est pas question de diviser à l’avance chaque mouvement étudiant en différents ‘’stades’’ par où il devrait obligatoirement passer, de veiller à ce que chacun de ces stades ait bien été parcouru de bout en bout et de craindre le passages ‘’Prématurés’’ à l’action politique, etc. Une telle façon de voir relèverait du pédantisme le plus nuisible’’

Lénine, ‘’Textes sur la jeunesse, opus cité p.33

 

4) Pour un mouvement étudiant politique anti-capitaliste

La conception communiste-révolutionnaire du mouvement se distingue de la conception ouvriériste et de la conception syndicaliste en ce que nous affirmons la nécessité de poser d’emblée le mouvement étudiant comme mouvement anti-capitaliste. Ceci ne signifie pas que nous refusons toute lutte purement revendicatrice ou toute mobilisation qui n’es pas d’emblée politique ou anti-capitaliste, mais pour nous ces mobilisations n’ont de sens que comme jalons dans la création s’un mouvement étudiant politique. Cette perspective est clairement déterminée par la place de la jeunesse scolarisée dans la lutte des classes.

Premièrement, l’élargissement de la composition sociale de la jeunesse scolarisée donne une puissance sociale considérable à ses luttes qui peuvent prendre une ampleur massive. L’objectif est de faire de la jeunesse scolarisée une force anti-capitaliste de première importance, un allié de poids numérique et politique non négligeable de la classe ouvrière. Deuxièmement, beaucoup d’éléments issus d’un mouvement de radicalisation de la jeunesse scolarise se retrouvent plus tard au cœur des administrations et des entreprises dans des postes subalternes en position d’exploité. En tant que composante qualifiée de la classe ouvrière ou comme alliés petits-bourgeois du prolétariat, ces éléments ont un rôle essentiel à jouer dans la lutte des classes au sein du système capitaliste et dans la société de transition au socialisme. Le fait d’être issu d’un vaste mouvement de radicalisation de la jeunesse étudiante jouera un rôle important dans leur comportement dace à leur situation sociale. Troisièmement, de par son potentiel à se mobiliser rapidement et massivement, la jeunesse scolarisée est un ferment d’instabilité politique et sociale considérable qui se laisse mal encadrer par les appareils réformistes. Ses capacités à l’auto-organisation démocratique et è l’apparition politique centrale sont des atouts précieux aux mains des révolutionnaires ace aux directions bureaucratiques péquistes.

 

MOUVEMENT ÉTUDIANT ET ORGANISATION RÉVOLUTIONNAIRE

Le mouvement étudiant peut sécréter toutes les idéologies du monde, il n’en demeure pas moins coincé entre son potentiel politique et sa nature instable. Pour rompre ce cercle vicieux, il n’y a qu’une solution : l’apparition d’une organisation d’avant-garde qui rendra au prolétariat son rôle dirigeant dans la révolution.

En fait à partir du seuil critique où l’empirisme ne conduit plus qu’à l’action répétitive et à l’échec, où une vision stratégique devient nécessaire à toute initiative tactique, la contradiction du mouvement étudiant entre sa nature et sa fonction, éclate et s’extériorise. Ce n’est plus la contradiction propre mais pour les militants étudiants politisés, la contradiction entre l’inertie du mouvement étudiant, son idéologie et leur adhésion à une organisation révolutionnaire. Cette adhésion n’est pas naturelle, elle ne va pas de soi, elle passe par une polémique avec l’idéologie spontanée du mouvement étudiant, par l’instauration d’un véritable rapport de force entre l’organisation révolutionnaire et le mouvement étudiant dans son ensemble.

Les militants étudiants ne déploient leurs activités qu’à travers le mouvement étudiant, ne définissent leurs activités qu’à travers le mouvement étudiant, ses rythmes, ses crises, son absence de mémoire. Les militants révolutionnaires au contraire ont besoin d’une action déployée dans le temps, embrassant une période historique de la lutte des classes, et non pas une addition de mouvements épars.

Les militants étudiants qui définissent leurs activités selon les conditions imposées par le mouvement étudiant reproduisent les mêmes confusions que celui-ci. Les mobilisations sporadiques du mouvement étudiant imposent à ces militants une politique instantanée : on remplit l’espace, le présent.

Au contraire, l’intervention des militants révolutionnaires n’est que rarement spectaculaire. À travers l’organisation et la formation patiente des militants d’avant-garde, l’organisation révolutionnaire peut devenir la mémoire politique du mouvement étudiant.

Le mouvement étudiant n’a pas la mémoire de ses actions. Cette mémoire, elle est hors de lui, dans les organisations politiques. Les cycles du mouvement étudiant ne dont que souligner les limites politique. On balancement entre syndicalisme et ouvriérisme ne peut se briser que par l’intervention martelée de l’organisation révolutionnaire.

Enfin dire que l’organisation révolutionnaire doit apparaitre et s’imposer envers et contre toutes les pressions du mouvement étudiant ne règle pas le sort de ce mouvement. Elle tue en elle les groupes éstudiantistes ; mais ne supprime pas pour autant la réalité du mouvement.

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